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2014-2016

Fragments pour Œdipe

Fragments de nuit

brisures au creux de la cécité

là où les fantômes apparaissent

les replis de l’inquiétude

la poussière du néant.

 

Entrée dans l’incertain

à la fracture d’une lueur

où s’écrit sur le vide

un message indéchiffré

l’obsession de l’inéluctable.

 

À peine une ombre qui appelle

qui aspire vers elle comme

une mémoire d’avant mémoire

pour ouvrir enfin la porte de velours

d’une fuite hors du nommable.

 

Mur franchi d’un désespoir sans retour

avancer dans l’accompli

marcher dans l’infini de l’infime

sans heurter du regard

les angles virulents du quotidien.

 

Liberté sombre comme la nuit

où l’on palpe l’obscur

tous repères oubliés

au risque de se perdre

au risque de tomber.

 

Parfois une aube très lointaine

envoie jusqu’ici ses lueurs

ou bien au milieu d’un désert

c’est peut-être le mirage d’un monde

où les énigmes étaient vaincues.

 

Tessons de ténèbres

frottées de lueurs moribondes

impalpables géométries

dos à jamais tourné

à la séduction lumineuse.

 

Entrée du définitif labyrinthe

Thésée sans fil à tâtons

vers un monstre à tête de miroir

où a satiété regarder

l’innocence criminelle.

 

Écran du tréfonds

où se projettent les remords

don de la cécité que ne détourne

aucune image à l’écart de la vérité

lovée au fond de la mémoire.

 

Fragments d’un lointain cauchemar

restes d’un regard perdu

quête d’un oubli corrosif

Œdipe la main d’Antigone posée sur son épaule

marche vers sa mort sous le soleil de Colone

au sein de sa fureur apaisée.

 

 Renè Pons 1-2 août 2014

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